1 supérieur à 99 : une aberration ?

3 Mar,12 | Société

Le modèle de société dans lequel nous vivons est à l’origine des nombreux clivages que nous connaissons. Le contexte actuel montre qu’une alternative plus durable est aujourd’hui nécessaire. Il semble que nous soyons à un tournant de l’histoire, une période à laquelle les injustices ne sont plus supportables pour les populations.

Depuis le début de ce XXIème siècle en particulier, l’intérêt général est négligé; le monde économique, notamment, est devenu une course à l’argent et se livre à une concurrence féroce. Les sociétés sont comme « punies » par et pour les conséquences de leurs actes. Encore une fois, et comme dans beaucoup de situation, ce contexte va d’une façon ou d’une autre nous faire avancer. Nous commettons une erreur, agissons sans réfléchir profondément aux impacts et aux moyens mis en œuvre, et bien il est temps d’en tirer une morale. Il faut espérer que la leçon que l’on en tirera nous mènera à la mise en œuvre de principes plus responsables et plus réfléchis sur nos modes de vie et notre vision de la société, principes prônés par le développement durable.

La dominance financière est un des blocages. Cette hégémonie de l’argent de même que la recherche de l’intérêt personnel engendre toujours plus d’individualisme et d’égoïsme. Tout devient plus impersonnel. Il en résulte entre autres moins de créativité et de tolérance. Un exemple simple : les serveurs vocaux des entreprises de téléphonie, d’électricité ou autres services. Lorsque l’on appelle ces firmes pour un conseil ou une requête quelconque, il est quasiment impossible de parler à une « vraie » personne au bout du fil. Les raisons invoquées sont soit disant pour des gains d’argent, moins de salaires et de frais à payer pour l’entreprise, donc moins de personnes à embaucher, donc plus de profit pour l’entreprise et ainsi moins d’emplois créés et plus de chômage. Les délocalisations sont également lourdes de conséquences : la perte des emplois et des entreprises locales. Aujourd’hui tout est fabriqué en Chine, toujours par soucis de réduction des coûts.  On utilise également des matériaux nocifs, chimiques, peu importe la qualité, peu importe les répercussions sur la santé humaine et l’environnement puisque ça ne coûte pas cher, puisque c’est rentable.  Aussi, tout est jetable, il est plus cher de réparer que de remplacer…

A cela s’ajoutent les abus des grands groupes financiers qui, par des spéculations frénétiques  ont engendré des dettes colossales. Ces dettes sont elles-mêmes responsables du chômage, du manque de financement des institutions citoyennes (éducation, santé, retraite, assurances..). Bref, c’est un véritable engrenage qui dévoile les limites du système. Il est peut être temps aujourd’hui de passer à un autre modèle et de sortir du paradigme existant.

Beaucoup de questions sont soulevées quant à cet éventuel changement : pourquoi les changements auxquels nous aspirons sont-ils si lents à émerger ? Qu’est-ce qui nous empêche de nous engager, d’avancer et de sortir de cet état « stationnaire » ?

A travers le mouvement Occupy Wall Street[1] qui a débuté en septembre dernier à New York, les individus expriment leur colère et leur désarroi, ils aspirent à un monde plus positif, plus orienté vers l’humain et rejettent ce système où règne la loi du plus fort, la « dictature » du « marche ou crève » imposée par le 1% de personnes les plus puissantes. Comme ils le clament haut et fort : « We are the 99% » pour démontrer que c’est une minorité qui « dirige le monde ».  Le 15 octobre dernier, près de mille villes dans plus 80 pays se sont mobilisées pour faire entendre leurs revendications. Pour l’instant, ces protestations sont pacifiques, et tant mieux, mais s’il on tarde trop à agir, les conséquences sur l’économie, l’environnement et sur les populations seront irréversibles. Cette conjoncture est angoissante mais l’espoir que représentent les solutions d’un développement durable fait que nous pouvons continuer à avancer et à œuvrer pour un modèle plus équitable.

Marine Bulet.