L’engrenage de la dette en Europe menace les marchés mondiaux

19 Fév,12 | Société

La crise financière actuelle qui touche les pays européens, et en particulier le cas de la Grèce, fait peser une menace de plus en plus grande sur les marchés, et pas seulement en Europe. Ce processus d’amplification de la conjoncture est provoqué par l’effet de la mondialisation. Ce propos a d’ailleurs été très bien imagé par le journal France Soir[1]: « le battement d’ailes d’un papillon sur les ruines du Parthénon provoque un ouragan financier à Wall Street. » Ainsi, c’est toute la planète financière qui s’inquiète de cette situation et donne lieu à de nombreuses angoisses quant à l’avenir.

Revenons sur les faits. En 1974,  après la dictature, la Grèce a adopté un modèle social reposant sur des dépenses publiques et un secteur public très importants. Selon le journal Le Figaro[2], le déficit public du pays en 2009 était très élevé : 12,9% et une dette publique à 115% du PIB, alors que la limite fixée par Bruxelles est de 3%. Cette situation a mené le premier ministre grec George Papandréou à prendre de sévères mesures d’austérité afin de remplir les objectifs budgétaires fixés par l’Europe, tels qu’une réduction des dépenses de l’État et des dépenses de santé, une baisse des salaires et des primes des fonctionnaires, un recul de l’âge de la retraite.  La Grèce doit emprunter plusieurs milliards d’euros à l’Europe. Et si l’Europe ne lui vient pas en aide,  le sort du pays, de même que celui des marchés financiers mondiaux, pourrait connaître une issue fatale. Il pourrait s’agir alors d’un effet domino de la crise de la dette.

C’est d’ailleurs ce qu’à expliqué le comité économique et financier, d’après l’article paru le 15 septembre dernier sur le site EurActiv.com[3] : « Tandis que les tensions sur le marché de la dette se sont intensifiées et que les risques de financements bancaires ont augmenté pendant l’été, la contagion s’est propagée sur les marchés et les pays, et la crise est devenue systémique. » On se trouve ainsi dans un cercle vicieux entre la dette souveraine, le financement des banques et une croissance négative.

Selon le FMI, afin de parer à ce problème, il est essentiel de recapitaliser et de procéder au renforcement des ressources des banques. En effet, depuis quelques semaines en particulier, un certain nombre de banques sont menacées, notamment en France. A titre d’exemple, l’agence de notation Moody’s Investors Service a baissé la note de deux des principales banques françaises : le Crédit Agricole et la Société Générale dont les conditions de refinancement se sont récemment fortement aggravées.

L’Union Européenne, le Fond Monétaire International et la Banque Centrale Européenne (qui composent la troïka) se sont effectivement mis d’accord pour verser d’ici octobre plusieurs milliards d’euros à la Grèce. Malgré les réticences de certains pays du nord de l’Europe – tel que la Finlande, qui exigence des garanties financières en échange de nouveaux prêts – c’est pourtant le soutien des plus fortes économies d’Europe aux plus faibles qui permettra à la zone euro de se stabiliser et trouver un équilibre. En d’autres termes, c’est en s’unissant que la zone euro parviendra à inverser la tendance négative qui domine en ce moment les marchés financiers. Certaines puissances comme la Chine ou les Etats-Unis craignent que l’Europe ne soit pas capable de faire face à ces dettes.

La menace de l’unicité de l’équilibre économique mondial est imminente. Effectivement, la situation financière de la Grèce risque de se propager sur les marchés et les pays si des mesures drastiques de refinancement ne sont pas mises en place rapidement. Les marchés et les pays étant respectivement interdépendants, nous aurions alors à faire face à une crise systémique. Par conséquent, cette déstabilisation incarne des rétroactions positives qui amplifient les effets de chocs économiques européens (Grèce, Portugal, Espagne, Irlande…). Ceci confirme la théorie économique selon laquelle l’évolution des marchés dépend de divers événements et circonstances aléatoires. Dans un univers concurrentiel, celles-ci peuvent incarner une réussite ou au contraire  mener à l’échec d’un pays ou d’un système entier.

Marine Bulet.